Journal d'un nouvel athée
9 déc., 2007
João Calangro

Le début

Le 13 février 2007, j’ai commencé à écrire des textes motivé par une profonde angoisse existentielle découlant du fait que j’avais (apparemment) perdu la foi en quoi que ce soit. Cherchant, raisonnant, écrivant, prenant note de ce que je voyais ou entendais, j’ai créé quelque chose qui pourrait peut-être être qualifié de journal. Le nom que je lui donne découle de ma condition actuelle de nouvellement inclus parmi les rangs de l’athéisme. Pour les religieux, je préviens que mon blog ne sera pas agréable, et ma (in)décision ne sera guère réversible. Pour les athées également, je ne peux pas promettre de satisfaction intellectuelle, car ma condition est probablement trop transitoire pour me considérer parmi eux pendant longtemps. Je commencerai à transcrire des textes à partir de février 2007, en plus d’écrire de nouveaux textes.

13 février 2007

…et puis j’ai écrit les premiers mots. Me voici, il est presque minuit, allongé, commençant pour la première fois un ‘journal’. Pourquoi un journal? Pourquoi pas un blog? Pourquoi pas un fichier sur mon ordinateur? Parce que… c’est justement pour expliquer les RAISONS pour lesquelles j’ai commencé ce journal. Et je l’ai imaginé pour la première fois avec ces pages, cette encre noire et cette écriture désordonnée. Écrire a une magie qui sera difficilement égalée par la frappe au clavier. Et tout le monde tape aujourd’hui… Je ne suis pas écrivain, ce n’est pas un livre, ni une œuvre d’art en aucun genre. C’est simplement une réflexion, matérialisée dans cette forme spécifique de pages blanches lignées et d’encre noire. C’est tout. Bien que je comprenne seulement superficiellement POURQUOI un journal écrit, je sais très bien POURQUOI l’écrire. La question fondamentale est que je suis enfin devenu pleinement et véritablement ATHÉE. Pour reprendre les mots de Nietzsche, ‘j’ai tué Dieu’. Je ne peux pas accepter ou croire aux concepts religieux généraux d’une vie après la mort, deus ex machina, jugement, paradis, enfer, etc. Cela me perturbe profondément. Cependant, pour l’instant, je suis trop fatigué et ma source de lumière (le téléphone portable) se décharge. Demain, je continuerai là où nous nous sommes arrêtés…

14 février 2007

Je me réveille à 6h00. La nuit n’a pas été très bonne. Ma femme s’est réveillée en pleine nuit avec un terrible mal de tête. Ma fille s’est réveillée en toussant beaucoup. Les actualités parlent de violence et montrent un corps enveloppé dans un drap. Je voulais épargner à mes filles ces choses-là, mais elles sont présentes à tout moment!

Il est presque 22h00, et je suis de garde à l’hôpital. Les mêmes pensées me hantent. Ne sommes-nous que des horloges qui, un jour, perdront leur ressort et cesseront de marquer le temps? Je le pense, et je ne peux plus me convaincre du contraire. Ce matin, ma plus jeune fille a pleuré pour que je reste avec elle. Je lui ai dit de rejoindre le groupe pendant que je les observais de loin. Après des funérailles improvisées pour un insecte mort organisées par l’enseignant, elle s’est séparée du groupe et est retournée en classe avec un visage triste, évidemment à ma recherche. Je l’ai appelée. Instantanément, elle s’est calmée, et notre au revoir s’est passé sans pleurs ni traumatisme. C’est pourquoi je ne mens jamais à mes enfants. C’est pourquoi je ne les menace jamais de les abandonner, en plaisantant ou pour obtenir leur obéissance. C’est pourquoi je crois que tout ce dont elle a besoin de notre part, c’est de la sécurité et de la patience. C’est pourquoi je pense que ces moments-ci sont et seront les plus proches que je pourrai jamais approcher du bonheur et de l’éternité.

16 février 2007

Aujourd’hui, j’ai quitté précipitamment l’infirmerie, laissant la troupe de philosophes et thérapeutes de mon inconscient/conscient (actuellement composée de Schopenhauer, Nietzsche et Freud) prendre les commandes, et je suis allé au carnaval de la crèche de mes filles.

Le meilleur moment a été de sauter avec elles, puis de courir pieds nus dans le sable. Toujours Lacan… J’étais avec ma femme, tout allait bien. Elle était heureuse, se sentait bien, s’amusait. Ça valait le coup d’oublier l’hôpital et les patients. En rentrant à la maison, je n’ai pas pu résister et j’ai encore appelé l’infirmerie et la pédiatre de la neurochirurgie, sous le regard désapprobateur de Freud, Nietzsche et Schopenhauer.

Eh bien, un jour j’y arriverai.

“Deviens ce que tu es.”

  • Nietzsche

Je suis toujours hanté par la pensée de l’annihilation de la mort. Un magazine populaire a publié un article sur la pensée magique. Il dit que les hommes qui ont survécu à l’ère glaciaire étaient ceux qui ont développé la foi et la religion. Religare - la communication non pas avec un dieu, mais avec soi-même. Ainsi, mon “petit ange” est un Néandertalien qui craint ses dieux et respecte ses ancêtres. Et il est en colère!

“Nous aimons plus le désir que l’être désiré.”

  • Nietzsche

Saint Patrick - Triad

Tabhair dom ghrása,

Fíormhac Dé.

Tabhair dom do neartsa,

An ghrair  gheal glé.

( Donne-moi la grâce,

Vrai Fils de Dieu.

Donne-moi ta force,

La beauté très lumineuse.)

  • Auteur inconnu, enregistré par Eithne Patricia Ní Bhraonáin (Enya)

18 février 2007

Jour de congé, sauf pour aller au zoo l’après-midi. Nous avons failli ne pas entrer. Les filles ont adoré, bien sûr.

J’ai recommencé à lire la physique quantique. Mais cette fois, cela ne me calme pas comme avant. Contempler le multivers ne soulage pas le Néandertalien piqué par les philosophes. À quoi bon un univers immortel et infini? Si cela existe vraiment, qui sait vraiment.

19 février 2007

Plage. Que du bonheur.

Nous, êtres humains, nous nous sentons toujours calmes et bien sur la plage, ou presque toujours. C’est une réponse un peu innée. Nos ancêtres savaient que le littoral signifiait généralement sécurité et abondance. Toujours le Néandertal. Il est derrière presque tout ce que nous trouvons bon et qui nous apaise ou satisfait, n’est-ce pas?

Qu’est-ce qui en nous est biologique et qu’est-ce qui est social? Et qu’est-ce que le social, exactement? Pourquoi avons-nous conscience? J’ai cherché “preuve de vie après la mort” sur Google. Mon obsession continue. Les philosophes secouaient la tête avec désapprobation. Il y a un site avec des photos anciennes d’ectoplasmes “matérialisés”. Si on se base sur ces photos, mon scepticisme est inébranlable.

Quelqu’un a publié sa “preuve logique” de la vie après la mort sur internet. Le problème est que cette preuve repose sur au moins trois dogmes a priori qui ne peuvent être prouvés et sur notre manque de connaissance de la nature de la conscience. En fait, c’est le dernier bastion du Néandertal: qu’est-ce que la conscience? Quand commence-t-elle? Quand se termine-t-elle?

20 février 2007

Journée de fainéantise et centre commercial.

Plus de recherche - parapsychologie

Deux phénomènes semblent avoir une “preuve scientifique” dans les méta-analyses de petites études: Ganzfeld - expérience de télépathie et microPK (micropsychokinèse) - expérience de psychokinèse avec des machines automatiques ou de petits objets. Les critiques soutiennent que les données sont biaisées et ne sont pas bien analysées. Même s’il n’y a pas de biais intentionnel apparent, les effets sont relativement subtils, bien que homogènes. Autre chose, l’une des principales critiques actuelles est que le petit effet apparemment observé dans le Ganzfeld ne peut être interprété comme une preuve de télépathie!

Actuellement, il y a plusieurs centaines de petites expériences de Ganzfeld réalisées par très peu de groupes expérimentaux inclus dans les méta-analyses. Je pense que tout petit effet observé dans ce scénario parle davantage de la relation entre l’être humain et les statistiques, ainsi que de notre mauvaise utilisation de celles-ci. En tant qu’oncologue, il m’est courant de constater d’importants effets de nouveaux traitements dans de petites études, qui s’estompent dans des travaux de plus grande envergure.

20 février 2007

20h00

Je commence mon service. Je commence par des citations:

“Là où est la mort, je ne suis pas. Là où je suis, la mort n’est pas.”

  • Lucrèce

“Je crois que la vie est une étincelle entre deux vides identiques: les ténèbres avant la naissance et celles après la mort.”

  • Irvin D. Yalom (Cette dernière, Yalom l’a probablement tirée d’une pensée de Schopenhauer).

J’ai beaucoup écouté une chanson ces derniers temps que j’ai entendue pour la première fois il y a plus de 10 ans, lorsque j’étais étudiant en médecine.

MERCY STREET (Peter Gabriel, Album: So)

looking down on empty streets, all she can see

are the dreams all made solid

are the dreams all made real

all of the buildings, all of those cars

were once just a dream

in somebody’s head

she pictures the broken glass, she pictures the steam

she pictures a soul

with no leak at the seam

let’s take the boat out \ (twice)

wait until darkness comes /

nowhere in the corridors of pale green and grey

nowhere in the suburbs

in the cold light of day

there in the midst of it so alive and alone

words support like bone

dreaming of mercy street

wear your inside out

dreaming of mercy

in your daddy’s arm again

dreaming of mercy street

swear they moved that sign

dreaming of mercy

in your daddy’s arms

pulling out the papers from the

drawers that tugging at the darkness, word upon word

confessing all the secret things in the warm velvet box

to the priest - he’s the doctor

he can handle all the shocks

dreaming of the tenderness - the tremble in the hips

of kissing mary’s lips

dreaming of mercy street

wear your insides out

dreaming of mercy

in your daddy’s arms

mercy, mercy, looking for mercy (twice)

Anne, with her father is out in the boat

riding the water

riding the waves on the sea

J’avais ce disque…

Lacan disait que le meilleur âge de l’être humain est lorsque nous avions 3 ans.

23 février 2007

J’admet une petite fille de 6 ans en crise de myasthénie grave et avec une pneumonie - je suis préoccupé par son état.

01h00

Elle subit une crise myasthénique avec une apnée et probablement une bronchoaspiration massive, commençant ainsi son calvaire, que je partagerai.

02h00

Elle est morte - j’ai fait tout ce que je savais pour la sauver, et pendant les manœuvres de réanimation, alors que je massais son précordium avec frénésie, je ne pouvais penser qu’à ‘je ne la perdrai pas, je ne peux pas la perdre’. Le pire a été de le dire à sa mère juste après. Je me suis senti misérable toute la journée, et je pense que je le ressens encore aujourd’hui.

Je ne peux pas croire qu’il y avait quelque chose en cette fille qui aurait pu survivre. Je ne peux penser qu’à sa fin et au vide qui a suivi. J’en avais peur - la rencontre avec la mort après avoir per du mes illusions. Pourquoi vivons-nous si nous mourons? Pourquoi mourons-nous si nous vivons?

Toujours, toujours, je me souviens de ma femme et de l’opportunité unique et individuelle que nous avions de nous connaître et de nous aimer, et comment cela donne de la valeur à toute ma vie, à mon existence éphémère et autrement futile.

‘Que quelqu’un vous accompagne ou non, une personne meurt toujours seule.’

  • Irvin D. Yalom

‘Amor fati - Aime ton destin.’

  • Nietzsche

24 février 2007

(…) What if god was one of us

Just a slob like one of us

Just a stranger on the bus trying to make his way home?

Like a holy rolling stone

Back up to heaven all alone

Just trying to make his way home

Nobody calling on the phone

Except for the pope maybe in rome

  • Joan Osborne

(One of Us, Relish, paroles et musique d’Eric Bazilian)

25 février 2007

James Cameron va sortir demain un documentaire et un livre “prouvant” qu’un site archéologique découvert près de Jérusalem il y a 36 ans contient les restes de Jésus, Marie, Marie-Madeleine, ainsi que Judas, le fils de Jésus et de Madeleine.

En dehors de preuves peu probables, quand il y a de l’argent en jeu, toutes sortes de preuves et de contre-preuves émergent. Nous assisterons probablement à une bataille entre la pseudoscience et la religion. Le résultat: de la poussière de rien!

Remarque: Presque à Pâques? Quelle coïncidence!

26 février 2007

Faites de chaque contact avec un autre être humain une occasion digne d’être mémorisée.

27 février 2007

Commentaire sur l’intelligence humaine et ses racines biologiques: après tout, les cafards prennent aussi des décisions…

4 mars 2007

Vous devez toujours être prêt à mourir, non seulement aujourd’hui, mais maintenant! C’est la seule liberté qui nous est possible.

Existe-t-il un destin? C’est une discussion très intéressante. Jusqu’à récemment (disons, il y a environ 100 ans), les lois de la physique, si elles étaient appliquées “à la lettre”, pouvaient donner à penser que le destin de tout système dans cet univers est prédéterminé par les conditions initiales. Comme cette histoire de la balle et du plan incliné: en connaissant toutes les variables, on pourrait calculer EXACTEMENT où se trouvera la balle dans le futur. Si le système implique deux sphères, en connaissant toutes les variables initiales et les lois du système, nous pouvons prédire avec une certitude absolue (aussi absolue que les valeurs exactes que nous avons) où chaque sphère sera à chaque instant dans le futur, si elles se rencontreront, etc.

Théoriquement, cette progression pourrait être répétée, en augmentant en complexité linéaire, sans altérer l’exactitude des prédictions, à condition d’augmenter également la quantité et la précision des données initiales et le pouvoir de calculer les mathématiques découlant des lois décrivant tout système. Même dans un organisme avec des centaines de milliards de cellules, en connaissant les conditions initiales avec précision et suffisamment de détails, ainsi que des lois exhaustivement complètes, nous pourrions calculer où CHAQUE ATOME ET MOLÉCULE SERAIENT À N’IMPORTE QUEL MOMENT, c’est-à-dire tout ce qui se produirait dans un organisme. Étant donné que le cerveau est matériel, chaque petite action et décision pourraient également être prévues. Comme l’ordinateur parfait de Laplace, qui savait tout, dans le présent, le passé et le futur.

En d’autres termes, tout pourrait être prédit, tout est déterminé, tout est ÉCRIT, Maktub! Eh bien, les lois de la physique ne sont plus les mêmes, et le principe d’incertitude d’Heisenberg et l’effet papillon de Lorenz ont saboté l’idéal laplacien d’un univers déterministe.

Mais quel est l’impact pratique de ces nouveaux principes sur la question du destin? En vérité, personne ne le sait! Risquer toute réponse serait un mélange de littérature et de spiritualité bon marché. Peut-être, plus que cela, notre propre imperfection sabote le destin…

Voir l’éclat dans les yeux de ma fille et son enchantement lorsqu’ils ont chanté les “joyeux anniversaire” a été suffisant. Alors que j’écris ces lignes, deux jours plus tard, je me rappelle que ces moments ne persistent que dans ma mémoire, et la mémoire humaine n’est pas une “photographie” ou une “vidéo”, je n’ai pas des détails précis “imprimés” dans mon cerveau, mais plutôt une “re-création” virtuelle sophistiquée basée sur les modifications que des centaines de millions de neurones ont subies ce jour-là, induites par les expériences que j’ai vécues. En résumé: le cerveau ne se souvient jamais réellement de rien, il reconstruit les moments “passés” dans le présent. Cette reconstruction n’est pas toujours parfaite et peut changer avec le temps. C’est pourquoi il est inutile de vivre dans les souvenirs… c’est une illusion. Carpe diem! Profitez de la vie, AUJOURD’HUI!

“I’ve seen things you people wouldn’t believe. Attack ships on fire off the shoulder of Orion. I watched C-beams glitter in the dark near the Tanhauser gate. All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die.”

  • Roy Batty, personnage interprété par Rutger Hauer dans Blade Runner (1982), dans le dialogue final.

“Comme des larmes dans la pluie…”, une belle métaphore pour nous et nos souvenirs. Je ne l’ai jamais oubliée.

Aujourd’hui, le documentaire de James Cameron et Simcha Jacobovici est sorti sur Discovery Channel: ‘Le Tombeau perdu de Jésus’. Controverse mise à part, une interview pour TODAY sur le site web de NBC était assez intéressante. Il a soutenu que sa déclaration controversée selon laquelle il aurait trouvé les ossements de Jésus ne remet pas nécessairement en question le dogme de la résurrection, mais ouvre plutôt une autre discussion: Jésus est-il ressuscité ‘spirituellement’ ou ‘corporellement’? Quelle perle! Il est clair qu’ils s’amusent aux dépens des catholiques! Les Juifs semblent avoir apprécié la nouveauté…

Dans l’interview, Cameron déclare: ‘La résurrection elle-même n’est pas remise en question. […] Ce qui pose problème, c’est l’ascension physique au ciel, emportant avec lui ses os et son corps au ciel, au lieu de les laisser sur terre.’

Ils se moquent vraiment de l’Église catholique. Mais l’idée conserve une signification pour la réflexion: aurait-il un sens pour un dieu de ‘mourir’ (bien que, selon la Bible, il soit effectivement mort) et au lieu de ressusciter physiquement, il réapparaît uniquement en esprit et laisse un corps se décomposer et se transformer en os pour la postérité? Les os divins possèdent-ils des propriétés particulières? Et l’alternative, un dieu qui s’est fait chair (selon la doctrine), qui est réellement mort et a ressuscité cette chair, et avec son corps et tout, est monté au paradis. Que s’est-il passé avec le corps, la chair? Comme nous le savons, la chair vivante a la fâcheuse habitude de vieillir et de mourir. Est-il alors devenu immortel et reste-t-il vivant quelque part aujourd’hui (dans le monde spirituel?)? Peut-il y avoir une personne de chair et d’os dans l’au-delà? S’il est toujours vivant, peut-il mourir à nouveau? Le processus qui l’a empêché de vieillir ces derniers 2000 ans peut-il être appliqué à nous?

Les notes des jours passés se poursuivent…

06 mars 2007

Fernando Portela Câmara écrit, dans le n° 7, volume 10, du Psychiatry on line Brasil, en juillet 2005 :

“Nous sommes le résultat inattendu de bonds qualitatifs. Dans toute la nature, en particulier dans le domaine biologique, nous percevons ces bonds et leurs traces dans toutes sortes de combinaisons de programmes, de comportements et de formes partout. La société humaine représente l’un de ces bonds et nous ne penserions pas, ne planifierions pas et peut-être même n’aurions pas le langage que nous avons et les moyens de communication si la vie en société ne nous poussait pas un peu plus vers la frontière du chaos.”

La théorie de la complexité explique-t-elle l’émergence de la conscience à partir des systèmes complexes ? Le psychiatre Eulen Bleuler a appelé “psychoides” toutes les manifestations vitales dotées d’analogies réelles avec les phénomènes psychiques. Pour lui, la psyché humaine serait un cas “psychoide” spécial. Des larmes sous la pluie…

“L’église dit que la Terre est plate, mais je sais qu’elle est ronde, car j’ai vu l’ombre sur la Lune, et j’ai plus confiance en une ombre qu’en l’église.”

  • Fernão de Magalhães

07 mars 2007

“Le monde est si exquis, avec tant d’amour et de profondeur morale, qu’il n’y a aucune raison de nous tromper avec de jolies histoires pour lesquelles il y a peu de bonnes preuves. Pour mieux nous semble-t-il, dans notre vulnérabilité, de regarder la mort en face et d’être reconnaissant chaque jour pour la brève mais magnifique opportunité que la vie nous offre.”

  • Carl Sagan

L’argument principal de notre finitude réelle et de l’absence de continuité après la mort est celui (à mon avis) qui parle de notre désir. Nous ne voudrions pas du tout mourir, c’est pourquoi nous voulons tellement voir des preuves de continuité. Rien dans ce climat ne peut être considéré comme objectif. Notre quête de vie après la mort, à travers la religion, la pseudo-science ou quoi que ce soit d’autre, sert avant tout à combler un besoin profond, pas à rechercher la vérité. La vérité est déjà là : si même l’Univers que nous connaissons va “mourir” un jour, comment osons-nous prétendre être immortels ?

Des larmes sous la pluie…

Plus de notes antérieures…

8 mars 2007

Qui sommes-nous ?

En fin de compte, nous sommes capables d’être plus libidineux et violents que nos ancêtres et cousins ​​simiens eux-mêmes, sans jamais être capables de contempler la nature divine que nous avons créée et essayons d’inculquer aux choses, seulement à nous-mêmes, reflétés dans le miroir de toutes les choses, sans même pouvoir nous guider par notre supposée rationalité.

Qu’est-ce qui nous différencie réellement ?

Qu’est-ce qui nous rend uniques, s’il y en a ?

LE RÊVE !

(Un animal rêve-t-il ?)

En réalité, les animaux (mammifères) ont également un sommeil paradoxal (REM) comme les humains, mais on ne sait rien du contenu. Je crois que probablement les animaux rêvent aussi, des rêves différents des nôtres, tout comme les rêves des jeunes enfants sont différents (plus simples). Après tout, la phylogénie montre qu’aucune capacité n’émerge “prête”. Elle évolue et se “perfectionne” avec le temps.

Cependant, lorsque je parle du rêve, ou du fait de rêver, je ne parle pas de la capacité biologique à créer ou construire un contenu mental “virtuel” pendant le sommeil ; il est clair qu’une telle capacité, basée sur les réseaux neuronaux existant dans nos cerveaux, n’est pas apparue chez l’être humain, mais est le fruit de l’évolution. Ainsi, même si l’être humain peut être capable d’une activité onirique radicalement différente de celle des autres animaux, il doit exister des “précurseurs” d’activité onirique, un contenu “oniroïde” même chez les mammifères primitifs et peut-être même chez les animaux précédemment placés dans l’échelle évolutive. Autrement dit, rêver est biologique, et tout ce qui est biologique n’est pas exclusivement notre particularité, mais le fruit d’une longue évolution, même nos esprits.

Ce mécanisme de comparaison de similitude de motifs me rappelle le principe de similitude des homéopathes : similia similibus curantur. Peut-être que le goût humain pour cette pratique et d’autres pratiques non scientifiques est lié au mécanisme neuronal humain de reconnaissance des motifs. Comme l’art, elles nous “parlent”…

En revenant au destin et à la médecine basée sur des preuves, évidemment lorsque je parle de ses concepts, c’est seulement en tant qu’analogie. Mais je crois que lorsque nous parlons du “destin” de quelqu’un, nous avons une idée bien objective (un motif), inconsciemment, de ce que nous voulons pour le patient. Autrement dit, notre concept “réel” de destin n’a rien de philosophique, c’est très pratique, même si nous n’en prenons pas conscience. Le destin, c’est la souffrance, la mort, dans le cas des patients. De même que pour les enfants (et pour la grande majorité des adultes), tout ce qui se déplace avec intention (ou apparemment, c’est-à-dire ce que nous comprenons comme intention) est vivant. Ainsi, inconsciemment, nous choisissons toujours des “résultats”, nous construisons des “modèles” et nous recueillons des “preuves”, de manière heuristique, non rationnelle. Souvent, même si nous arrivons rationnellement à une certaine conclusion, nous prenons une décision différente. C’est la base de ce que nous appelons l’intuition. C’est aussi la base de l’inconscient de Freud.

Aux spiritualistes : maintenant que ces caractéristiques de l’esprit humain ont été “volées” à l’âme pour être placées dans le cerveau physique, que devient notre capacité intuitive dans la vie après la mort ? L’âme a-t-elle aussi un inconscient ?

18 mars 2007

Tout ce que nous faisons, disons, changeons ne changera jamais notre destin final, ni n’aura de signification pour nous ou pour ceux que nous aimons. Un jour, tôt ou tard, tout ce que nous sommes, accomplissons et rêvons n’aura plus aucun sens pour personne. Alors pourquoi vivre, si la mort est notre destin ?

Amor fati - aime ton destin !

Carpe diem ! - profite du moment présent !

Tout ce que nous sommes, accomplissons et rêvons a du sens maintenant ! Et c’est tout ce qui importe ! La vie après la mort - si elle existe - ne serait qu’un triste réconfort. Et cela nous priverait de la douce irresponsabilité de l’effacement complet dans le futur.

Les spirites : lorsque l’humanité finira enfin, que deviendront les âmes humaines ? Seront-elles améliorées ? Ou la théorie spirite exige-t-elle que l’humanité ne se termine jamais ?

Je ne crois pas au paradis, au ciel, à la récompense céleste pour les justes, mais je crois en l’enfer : il existe dans la tête, dans l’esprit des personnes perverses et malades.

26 mars 2007

Nous ne sommes que nous-mêmes, la seule chose que nous pouvons être, vrais ou non, bons ou mauvais, simplement nous.

J’ai toujours eu ce sentiment de ne pas faire partie, de ne pas appartenir ici, de ne pas être connecté, d’être à part. Ce sont seulement mes filles qui m’ont fait me sentir différent.

Un jour, je mourrai et tout ce que je suis disparaîtra sans laisser de trace. Un jour, tout ce que j’ai fait sera oublié et ma trace sera aussi anonyme que des empreintes dans le sable. Un jour, l’humanité elle-même disparaîtra pour toujours et je n’aurai plus de descendants sur Terre. Un jour, la Terre elle-même périra dans les flammes d’un soleil géant et jamais l’univers ne se souviendra qu’un jour l’humanité a existé.

Drôle, tous ces faits sont plus certains que mon destin dans 5 minutes. Pourquoi ?

Des forces aveugles nous ont conduits jusqu’ici, jusqu’au point de nous contempler nous-mêmes et l’univers dans toute sa splendeur ? Un ensemble d’équations sans conscience ? Est-il plus facile de croire en cela qu’en un dieu ? Non, ce n’est pas plus facile, en réalité, c’est simplement plus probable. Pourquoi croire en ce que nous voulons simplement parce que nous le voulons ? Ne serait-il pas plus honnête d’ouvrir les yeux et de voir la vérité, aussi cruelle qu’elle puisse paraître ? Et, en outre, la vérité n’est pas cruelle, car la cruauté est une caractéristique humaine. La vérité peut être frustrante, mais pas cruelle. Cependant, cette frustration provient de nos attentes erronées. NOUS PENSONS que nous voulons vivre éternellement, mais ce n’est pas ce que nous voulons réellement. Qui voudrait vraiment vieillir pour toujours… ?

NOUS PENSONS ensuite que nous voulons rester jeunes pour toujours, pour que la vieillesse ne nous vole pas notre vitalité, mais encore une fois, ce n’est pas ce que nous voulons. Imaginez la vie éternellement jeune. Nous aurions des enfants, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants, et à un certain moment, nous ne pourrions plus nous occuper de nos descendants, ils perdraient leur signification pour nous. Alors nous passerions l’éternité stériles, à moins de revenir au début et d’avoir à nouveau des enfants, et notre vie éternelle serait un cycle éternel de recommencer au même point et de tout perdre à partir d’un certain moment. Imaginez quel amour pourrait réellement résister à l’éternité. Dans les histoires romantiques, la formule de l’éternité “et ils vécurent heureux pour toujours” est invariablement suivie de “FIN” et ensuite, le film se termine. Et dans les films et les romans spirites, la rencontre des âmes sœurs, toujours à la fin, juste avant le “fade out”, se fait sous la forme d’une désincorporation éthérée en myriades de belles lumières. Personne qui admire les “fins heureuses” et nourrit l’espoir de la vie éternelle n’a jamais imaginé la ROUTINE ÉTERNELLE, j’en suis sûr. Quand j’étais enfant (l’âge où nous sommes les plus intelligents), cette idée me fascinait et me défiait : que fait-on pendant la VIE ÉTERNELLE ? La réponse catholique d’une contemplation éternelle de Dieu, statique, me remplissait d’horreur. Je pense que cela remplirait d’horreur n’importe quel enfant. Donc, en réalité, NOUS PENSONS que nous voulons la vie éternelle, mais logiquement, nous n’imaginons jamais ses conséquences les plus évidentes. Simplement, j’arrive à la conclusion, simplement nous ne voulons pas vieillir ni mourir. Nous sommes des êtres mortels qui hésitent à mourir.

Et pourtant, nous mourrons.

28 mars 2007

Notre existence étant éphémère, notre anéantissement inévitable, notre nature égoïste, le temps irrécupérable, cela vaut-il la peine de croire en l’altruisme, en toute forme de bonté et de gratuité ? Pour moi, la réponse est catégoriquement OUI !

Dans certaines limites, car notre nature est clairement centrée sur nous-mêmes, comme elle doit l’être pour tout animal qui cherche à se préserver, je crois que le simple fait d’être en vie est quelque chose de merveilleux, de miraculeux. Pas dans le sens surnaturel, du miracle qui subvertit à notre gré les lois naturelles, mais un miracle du réel ! Simplement parce qu’il n’y a pas de magique et de surnaturel, nous ne devons pas mépriser la beauté transcendante de la réalité ! L’énorme cosmos rempli d’étoiles et de galaxies, le mystère et l’émerveillement de la matière noire et de l’énergie sombre éthérée. La quintessence récemment découverte. L’émergence subtile de la vie au milieu du chaos de la matière inorganique. L’explosion de complexité des formes de vie de plus en plus nombreuses et diverses. L’émergence de l’étincelle miraculeuse de la conscience de soi au cœur de réseaux neuronaux qui ont évolué pour refléter le monde et le connaître. Pourquoi ne parlons-nous plus des miracles qui nous entourent ? Ainsi, je pense que, en retour du merveilleux cadeau que nous avons reçu, notre vie, qu’il s’agisse d’un dieu ou d’une profonde force cosmique inconsciente de ce qui crée, devient très peu même si nous faisons tout le bien dont nous sommes capables dans cette vie. C’est presque une obligation, certainement un honneur et en réalité un grand plaisir, de passer toute la vie que nous avons à apporter bonté et gratuité à cette existence, à tous les êtres ! C’est une infime rétribution en échange de tout ce que nous avons reçu du fait d’être nés un jour. En dehors de cela, il en résulte également que, outre le don de la vie elle-même, tout ce que nous vivrons ou aurons de bon et de plaisant est un bonus, une récompense supplémentaire pour ceux qui ont déjà été récompensés. Ainsi, il vaut la peine de sortir de notre égoïsme naturel pour vivre ainsi, par la simple gratitude de vivre !

Dans cette perspective, la mort annihilante perd de sa force et devient pâle, car elle est elle-même incapable de revenir en arrière et d’effacer la vie que nous avons vécue auparavant. La mort, en réalité, n’est qu’une partie de la vie, sa fin. Comme tout ce qui a un début, il doit nécessairement avoir une fin.

09/12/2007

Mourir, c’est revenir au début de tout…