C’est une étude axée sur l’environnement des activités économiques, axée sur la durabilité. Bien que la réponse facile ne soit pas totalement fausse, elle n’est pas non plus totalement correcte. En réalité, l’économie écologique est un domaine multidisciplinaire (c’est-à-dire que de nombreuses disciplines différentes s’y mélangent) qui étudie l’économie en tant que sous-système des sciences naturelles appliquées, vis-à-vis de l’écologie, mais aussi de la biologie, de la chimie et enfin de la physique. Il implique également des contributions significatives des mathématiques, de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie, de la politique et de nombreux autres domaines.
Georgescu-Roegen, un économiste mathématique de Nashville né en Roumanie et fondateur de l’économie écologique, a postulé que l’économie devait obéir à la thermodynamique [1] et que, par conséquent, la croissance économique continue est insoutenable. Il a proposé un nouveau modèle économique, le “modèle d’état stationnaire”. Une grande partie de l’activité économique d’aujourd’hui est basée sur le principe libéral de la croissance continue, et c’est là la véritable source des problèmes environnementaux et des inégalités qui se posent aujourd’hui. La croissance économique a les mêmes limites que n’importe quel système de la biosphère et obéit en fin de compte aux mêmes lois. C’est la vraie raison pour laquelle ce domaine est appelé “économie écologique”. Il ne s’agit pas simplement d’une économie qui intègre des caractéristiques écologiques, mais d’une utilisation systématique d’outils mathématiques et conceptuels dérivés de l’écologie dans l’économie.
Cependant, cette définition ne parvient pas à capturer la dimension sociale humaine de l’économie. Passet a affirmé qu’une théorie des externalités doit être examinée avant et non après un état d’équilibre du marché [2]. En d’autres termes, l’impact environnemental et social potentiel de l’activité économique doit être examiné avant de considérer son rapport coût-bénéfice. En effet, l’écologie de la production économique (y compris la biosphère et la société) définit ses limites. L’application d’une telle proposition comprend les principes de Daly (1. le taux de développement des ressources naturelles renouvelables doit être égal à leur taux de régénération ; 2. les taux d’émission de déchets doivent être égaux à la capacité d’assimilation de l’environnement où ils sont déposés ; 3. les ressources naturelles non renouvelables doivent être exploitées dans la même proportion qu’elles sont remplacées par des ressources renouvelables), et le principe de Passet de “gestion prescriptive des contraintes”.
L’un des concepts clés de ce cadre est celui de “rendement maximal durable” (RMD), développé dans les années 30 pour la gestion des pêches [4]. Cependant, le concept de durabilité est apparu bien plus tôt, dans les œuvres du XVIIIe siècle de Hans Carl von Carlowitz [5]. Il peut être relié à une classe de modèles mathématiques appliqués. Le concept clé est que les populations d’organismes croissent pour remplacer les pertes et atteindre une taille de population d’équilibre (capacité de soutien), produisant ainsi un excédent qui peut être récolté de manière durable.
La manière la plus simple de modéliser le RMD est de modifier une équation logistique pour tenir compte de l’élimination continue d’individus de la population. Le point d’équilibre est semi-stable, et de petites diminutions de la population peuvent entraîner une rétroaction positive et une extinction si la récolte n’est pas réduite. Ainsi, la récolte au RMD n’est pas sûre, et le meilleur régime est de tendre vers un rendement durable optimal, le rendement économique le plus élevé d’une ressource renouvelable réalisable sur une longue période sans diminuer la capacité de la population ou de son environnement à soutenir la poursuite de ce niveau de rendement [6].
Encore une fois, cette approche simpliste ne tient pas compte des complexités de l’interaction sociale. Cavalcanti a insisté sur le fait que le bien-être des populations humaines doit être pris en compte dans toute théorie économique durable réussie [7]. L’économie écologique est un domaine multidisciplinaire émergent, qui a déjà entraîné plusieurs modifications dans notre perception et notre relation avec l’environnement en tant que société et espèce économique.
Références:
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Georgescu-Roegen, N. 1971, The Entropy Law e the Economic Process, Harvard Universidade Press.
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Passet, R. 1979, L’Économique et le Vivant, 2nd ed. 1996, Economica, Paris.
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Daly H.E. (1990). Toward Some Operational Principles of Sustainable Development, Ecological Economics, 2, 1-6.
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Russell, E. S. (1931). “Some theoretical Considerations on the “Overfishing” Problem”. ICES Journal of Marine Science. 6 (1): 3–20.
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Hans Carl von Carlowitz. 1713, Sylvicultura oeconomica, oder haußwirthliche Nachricht und Naturmäßige Anweisung zur wilden Baum-Zucht.
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Clark, C.W. (1990), Mathematical Bioeconomics: The Optimal Management of Renewable Resources, 2nd ed. Wiley-Interscience, New York
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Cavalcanti. C. (2010) Conceptions of Ecological Economics: its Relationship with Mainstream and Environmental Economics. Estudos Avançados. 24 (68): 53
Version académique de ce texte:
Calvino, Baldolino and Gunn, Angell, What is Ecological Economics? (December 2, 2019). Available at SSRN: http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.4353008